Porte médiévale du Beffroi
Entrée de l'enceinte primitive, rue de la Frescado, porte du XIIIᵉ siècle à claveaux longs extradossés.
La tour a été construite au XVIIᵉ siècle.




Le beffroi 1550 : Quatre colonnes octogonales monumentales et leurs chapiteaux sculptés entièrement refaits il y a une dizaine d'années supportent un campanile en fer forgé.
Ce type d'ouvrage est très rare en raison du coût du fer avant le développement des grandes fonderies de Lorraine à partir du XVIIᵉ siècle.
Le Château

Passez sous le château , montez sur l'esplanade et redescendez en longeant le rempart.
Attention, le chemin est escarpé.
Une courte histoire du château de Lacoste
Alors que la Provence vient d'entrer dans le Saint Empire Romain Germanique en 1032, un"Castrum" de LACOSTE est mentionné dans le cartulaire de l'église d'Apt à partir de 1038. Ce n'est alors qu'une bâtisse réduite à l'angle Nord-Est de l'édifice actuel et appuyée sur un éperon naturel barré (ce "caprice de la nature" selon Sade, a conservé quelques traces néolithiques et gallo-romaines...)
Au XIIIᵉ siècle, la seigneurie de Lacoste relève de la puissante famille des ANGOULT SIMIANE qui contrôle près de cinquante châteaux dans les environs (et qui ont des droits féodaux à Apt, où leur demeure occupait l'actuelle Place Saint Pierre).
Deux branches des SIMIANE ont des biens, encore groupés en 1385:
- Les Simiane de Caseneuve, avec Apt et les terres du Nord
- Les Simiane de Châteauneuf de Gadagne avec Caumont et les terres du Sud, dont Lacoste.
Dans cette deuxième branche, Louis de Simiane lègue, en 1461, Lacoste à son fils cadet Barthélémy. A cette époque, le foyer féodal des habitants perçu par le Seigneur consistait en une "galline"(poule), à Noël, une héminée (environ 11Kg) de blé pour le four banal, une taxe sur les pâturages et une taxe sur le moulin à olives.
Connu par un inventaire de 1499, le "château vieux" (angle Nord-Est) mesurait 18 m sur 3,5 m, avec une pièce voûtée, chauffée ... et percée pour la fumée, un grenier et une pièce pour le vin. Unique en Provence, un pont à bascule protégeait l'entrée.
En 1501, Balthazar, fils ainé de Barthélémy, fait de la petite forteresse archaïque un palais Renaissance par élévation et doublement des murs extérieurs, créations de larges fenêtres, de fresques... Ce château Renaissance a échappé à la destruction lors du massacre des Lacostois (et lacostoises...), majoritairement Vaudois, par les troupes du Baron d'Oppède, en 1545, les survivants étant envoyés nombreux aux galères...
C'est un polygone de onze côtés que nous dévoile l'inventaire de Balthazar de Simiane en 1560. Les courtines suivaient le rocher; un grand escalier, vers le village, donnait accès à la porte du premier étage; après le pont-levis, une avant-cour fermée communiquait avec la deuxième cour, les toits en pente guidaient l'eau de pluie vers la citerne par des conduits en céramique rouge; trois terrasses de vergers s'étageaient au pied de l'aile Sud et une tour isolée sur un rocher triangulaire occupait l'angle Sud-Est , avec écurie, grenier à foin et colombier; une chapelle au cœur du château et un terrain de quatre hectares , au Nord-Ouest, couvert d'amandiers et d'oliviers, complétaient l'ensemble.
En 1710, Isabelle de Simiane, épouse de Berton de Grillon (un descendant du compagnon d'Henri IV) et fille de Joachim de Simiane, teste pour Gaspard François de Sade, dont le petit fils, Donatien-Aldonze-François, Marquis de Sade, sera le dernier seigneur de Lacoste...
En 1763, celui-ci épouse Renée Pélagie Cordier de Montreuil, mariage qui lui vaut de recevoir les terres de Mazan, Saumane, Cabanes (près d'Arles) et Lacoste, de son père. À son tour, le Marquis de Sade transforme le château... bien qu'il n'y ait fait que dix séjour entre 1763 et 1778. Fuite, procès et prison l'avaient beaucoup éloigné! Il décèdera en 1814.
À côté du vieux pont-levis est percée une "arche flamande" pour accès des carrosses; un appartement nouveau de Madame est aménagé au premier étage de l'aile Nord, avec trois chambres, un corridor et une salle de comédie; fin des travaux: octobre 1769.
Sade se retire en 1771 ( après le scandale de l'affaire d'Arcueil), avec son épouse et mademoiselle De Launey, sa belle sœur.
Après un autre scandale, à Marseille (l'affaire des bonbons à la cantharide), Sade est condamné à la décapitation ... mais comme il s'était enfui en Italie avec sa belle-sœur !
Il sera donc exécuté ... en effigie à Aix, en septembre 1772.
Lancée à sa recherche, une troupe de policier fouille le château de Lacoste et emporte divers papiers en janvier 1774. En septembre, Sade y revient, vivant solitairement (... mais non sans "se rabattre sur l'office" !). Ce séjour aurait inspiré à Donatien-Aldonze " les 120 journées de Sodome" et certains auteurs voient une ressemblance entre le château de Silling et celui de Lacoste...
Un inventaire du Notaire Gaufridy d'Apt, en novembre 1778 nous montre un château crénelé, avec des toits à une pente, des tableaux, estampes, miroirs, tapisseries, des plafonds à la française, des gypseries, une salle à manger de 9m sur 5m, un salon de 6m sur 7m, des chambres avec boudoir...
Contrairement à ce qui advenait ailleurs, le pouvoirs des seigneurs de Lacoste, jusqu'à Sade, aurait été plus théorique que réel, ce point fait débat, il n'empêche qu'à la Révolution les créneaux étaient fort mal vus... et le 17 septembre 1792 la mise à sac du château (après celle du château voisin de Beaureport) vit meubles et boiseries passer, en partie, par les fenêtres ...
En octobre 1796 (vendémiaire an V), Sade vend le château à l'ex-"Marquis de Rovère", frère d'un évêque constitutionnel de Vaucluse qui lui faisait connaître les nobles ayant émigré et les ... affaires à saisir! Mêlé au complot de Pichegru, sous le Directoire, Rovère sera déporté en Guyane ("la guillotine sèche"...).
En 1816, sa veuve vend le château très délabré après trop d'abandon, acquéreur, l'agriculteur Pierre Grégoire. Des carrières vont être creusées dans le parc, des déblais vont emplir le fossé, écroulement des remparts en 1868, suivi d'autres écroulements après la mort de Pierre Grégoire, en 1859, partage entre ses sept héritiers.
En 1894, le château est vendu par Apolline Grégoire, sa fille, à Cyprien Jean, un maçon de Lacoste, qui utilisera les pierres et les matériaux de construction.
C'est André Bouer, natif de Lacoste et professeur d'anglais au lycée d'Apt, qui rachète ruines et parc à partir de 1943, puis en 1952, il entame, seul, de titanesque travaux de restauration qui dureront jusqu'à sa mort: réparations dans la tour sud-est, déblayage de l'aile nord engloutie sous 6 mètres de décombres, relèvement du mur Nor, réparation des voûtes de la cave, réfection de la prison de basse justice, dégagement de l'escalier d'accès à la terrasse, dégagement d'une cave au pied de la muraille Est...
A partir de 1966, André Bouer reçoit l'aide ponctuelle mais efficace des jeunes du village... et d'ailleurs. Soutenu par le préfet Hosteing qui lui "prête" des militaires du 7ième génie d'Avignon, André Bouer peut dégager le fossé et son pont-levis, combler les carrières de l'esplanade, le prix "Chef d'œuvre en péril" et l'aide du Conseil Général font le reste, rétablir le rempart Ouest, restaurer deux fenêtres, consolider l'aile Nord!... Dans un entretien avec le journaliste Serge Bec, André Bouer a pourtant déclaré: "je n'ai qu'un seul regret, c'est de ne pas avoir assez fait"... Sans commentaire!
En 2001, Pierre Cardin a acheté le château de Lacoste et ses dépendances (esplanade, carrière à ciel ouvert et carrière souterraine). Il a entrepris d'importants travaux de consolidation et de rénovation. Propriété privée, le château n'est pas ouvert au public en dehors des périodes de spectacles ou d'expositions.
Sources:
-
Entretiens et conférences d'André Bouer
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"La Coste, Sade en Provence" Henri Fauville, Edisud.
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"Sade" Maurice Lever, Fayard .



A la découverte du patrimoine de LACOSTE (Parcours pédestre en 11 étapes)
Départ:
Du parking paysager ( voir le plan), dirigez-vous vers l'église en suivant l'ancien chemin de procession reliant les deux calvaires.
Le calvaire du chemin de Saint Vérant était autrefois un carrefour de rencontre, en particulier pour les enterrements et la procession du mois de Mai.